L’histoire de la reine Njinga, retombée de nos jours dans un profond oubli, est cependant un des épisodes les plus étonnants de l’histoire africaine. Cette femme, reine du royaume angolais de Matamba pendant quarante-deux ans, résista une trentaine d’année aux Portugais avant de faire la paix et de se convertir au catholicisme avec son peuple, du moins en apparence... Ce ne fut pas sans difficulté, car elle dut confesser tous ses crimes qui étaient innombrables et terribles aux yeux de l’Église avant de recevoir l’eucharistie. Son esprit de résistance en fit une sorte de “Jeanne d’Arc africaine”, mais ses mœurs la rapprochent davantage d’un Gilles de Rais… Le personnage est réellement fascinant. Son confesseur, Antonio Cavazzi, note scrupuleusement les horribles confessions qu’il doit écouter jour après jour, en l’encourageant au repentir, et fier de ses progrès sur le chemin, très tortueux en son cas, de la rédemption. De plus il est un des rares missionnaires de l’époque à prêter attention aux superstitions et cultes locaux, car sa naïveté y voit la claire manifestation du diable et il lui importe de tout enregistrer, et de tout dessiner, pour pouvoir mieux combattre le mal. Son récit de la vie de la reine Njinga se double donc d’un document ethnographique de première importance.